La triche des étudiants avec le logiciel ChatGPT oblige les universités à revoir leurs examens
Disponible gratuitement sur internet depuis le 30 novembre 2022, le logiciel d’intelligence artificielle ChatGPT rencontre un énorme succès, en particulier auprès des étudiants. Capable de répondre aux énoncés de devoirs et de dissertations en quelques secondes, ce programme informatique bluffant oblige les facultés du monde entier à redoubler de vigilance, les poussant à modifier leurs systèmes d’évaluation.
Branle-bas de combat dans les universités ! Depuis sa mise en service le 30 novembre 2022, le logiciel d’intelligence artificielle (IA) gratuit ChatGPT a ouvert de nouvelles voies de triche pour les étudiants du monde entier. À l’université de Lyon, début janvier, la moitié d’une promotion de quatorze élèves s’est fait attraper par leur correcteur, après avoir rendu des dissertations rédigées par ce générateur de textes en ligne. Sans cadre adapté à cette situation, l’enseignant a été obligé de leur attribuer une note, et les copies dépassaient toutes la moyenne, rapporte Le Progrès. À New York, l’utilisation de ChatGPT est bannie sur tous les appareils informatiques des écoles publiques. En Australie, les élèves des huit plus grandes universités du pays n’utilisent plus d’ordinateur pour les épreuves de 2023 : retour au stylo et à la copie double, avec davantage d’examens oraux au programme.
ChatGPT « confirme » le renouveau nécessaire du système d’évaluation
« On n’a jamais abandonné l’évaluation classique au papier et stylo », témoigne Olivier Wong Hee Kam, vice-président en charge du numérique à l’Université de Rennes (Ille-et-Vilaine). Depuis 2015, l’établissement est équipé d’un logiciel de détection du plagiat qui passe les copies au crible, « pour répondre à ce phénomène que l’on a vu apparaître ces dernières années ». Il s’accompagne de formations destinées aux enseignants et aux étudiants. Mais un outil plus puissant en chassant un autre, « l’enjeu n’est pas de se lancer dans une course à la technologie mais plutôt d’appréhender ce qu’elle peut offrir », poursuit Olivier Wong Hee Kam.
Plus généralement, ces outils embrassent le virage national vers « l’évaluation par compétence » engagée par le gouvernement d’Emmanuel Macron en 2019. Elle s’appuiera davantage sur des travaux à long terme et non sur des partiels. « Le fait d’avoir ChatGPT à gérer, ça nous confirme qu’il faut, d’ici quelques années, quitter le schéma des évaluations ou des devoirs faits à la maison », conclut Olivier Wong Hee Kam.
« On prévoit de sensibiliser, aussi, sur l’impact environnemental de ce type de technologies, ajoute Guillaume Gravier, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du traitement automatique des langues et directeur de l’Irisa (l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires). On n’en parle pas trop parce qu’il est très lourd. ChatGPT représente des mois de calculs et de fonctionnement de machines puissantes qui ne sont pas neutres en bilan carbone. Mais il est efficace. S’il est capable d’écrire une fonction compliquée à ma place et plus vite, je m’en servirai. »
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